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9 oct. 2008

Menaces bio-terroristes au “charbon”: Des laboratoires en alerte au Sénégal

Une douzaine de laboratoires dont celui de bactériologie et virologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, de l’Institut Pasteur de Dakar et d’autres structures de santé du ministère de la Santé et du secteur de l’Elevage vont être mis à contribution pour participer rapidement aux éventuelles réponses sécuritaires à apporter face aux menaces de bio-terroristes à la maladie du charbon qui secoue actuellement le monde.

La peur de la contamination au bacille du “charbon” continue de se propager à travers le monde, particulièrement sur le territoire des Etats-Unis, ou deux postiers viennent de mourir de cette maladie dans un hôpital de Washington.
Au Sénégal, le gouvernement a entamé, depuis la semaine dernière, la mise en place d’un dispositif de sécurité sanitaire pour parer à toutes les éventualités ; le Kenya ayant été le premier pays africain à avoir reçu des “courriers piégés” à l’agent du charbon, le “bacillus anthracus”.

Selon le Pr. Salif Sow, de la clinique des Maladies infectieuses du CHU de Fann et médecin commandant de l’Armée, qui a participé lundi après-midi à une réunion de sécurité au ministère de la Santé et de la Prévention, “il était utile de réunir tous les techniciens compétents de différents services pour livrer une fiche technique à l’endroit des personnels de santé, aussi bien du secteur public, que du privé”.
“Cette fiche, a poursuivi le spécialiste des maladies infectieuses du CHU de Fann, contient les manifestations cliniques de la maladie du charbon, qui existe depuis longtemps chez nous et que nous connaissons très bien”.
Elle permettra, à travers une formation à “polir” de nouveau, de mieux armer les personnels de santé au cas où ils seraient confrontés à des cas éventuels de maladie du charbon.

Pour le Pr. Salif Sow, “des cas ont eu à être soignés à la clinique des Maladies infectieuses de l’hôpital de Fann et les médicaments, notamment des antibiotiques efficaces, existent actuellement dans les circuits pharmaceutiques traditionnels du ministère de la Santé”.

FICHES SUR LA CONDUITE A TENIR

“La maladie du charbon, a-t-il dit, a diverses manifestations, notamment cutanées, pulmonaires et digestives”.
C’est la forme pulmonaire qui est la plus crainte et qui est susceptible d’aboutir à des complications graves, voire mortelles, comme la détresse respiratoire.
La forme intestinale surgit quand il y a une ingestion, entre autres, de produits carnés ou autres (lait, fromage) provenant d’un animal contaminé et non contrôlé par des techniciens de la médecine vétérinaire.
Cette fiche technique aux praticiens sénégalais, trouve un intérêt dans le fait que l’on peut diagnostiquer une pneumonie, alors que c’est la forme pulmonaire de l’anthrax.
“Il faut que les médecins et les infirmiers des autres structures de santé puissent distinguer les plaies de la manifestation cutanée de l’anthrax de celles des autres affections dermatologiques.
Enfin le Pr. Souleymane Mboup, lui aussi pharmacien colonel des Armées, nous a confié que des laboratoires ont été mis en alerte pour éventuellement procéder à des analyses de confirmation de diagnostic sur des cas présumés de charbon et de présence du bacille de cette maladie dans tel ou tel milieu (eau, aliments, lieux publics ou corps d’un individu ou d’un animal).

“Le diagnostic bactériologique de laboratoire est facile et l’agent de l’anthrax a une physionomie particulière en forme de bâtonnet, très reconnaissable et qui est cultivé de façon aisée, sans avoir à le faire dans un milieu compliqué de culture”.
“Toutefois, il faut dire que c’est une bactérie dont on avait l’habitude, il y a longtemps, de faire des diagnostics en laboratoire. Il faut donc former, dans l’urgence, les personnels de laboratoires sur le diagnostic”, a dit le Pr. Mboup.
Il a précisé que son laboratoire (ndlr : qui est une référence régionale avec une unité de biologie moléculaire), celui de l’Institut Pasteur de Dakar qui est également une référence internationale, les laboratoires du ministère de la Santé et des services de l’Elevage vont être tous mis à contribution dans ce dispositif préventif du gouvernement.

Au niveau de la médecine vétérinaire, il y a six laboratoires régionaux qui avaient été mis en place, (Ndlr : dont un de référence nationale à l’ISRA de Hann), pour la surveillance des zoonoses, dont le charbon de l’animal.
“La maladie du charbon est une zoonose, en d’autres termes une maladie qui atteint l’animal et qui peut être transmise de l’animal à l’homme”, a précisé le Pr. Mboup.
Les bactéries sont des micro-organismes unicellulaires capables de se reproduire et de survivre dans l’environnement (eau, air, sol) et de coloniser les êtres vivants. Certains micro-organismes ont la capacité de se transformer en spores (prendre la forme d’une graine) et de survivre ainsi pendant de longues périodes, notamment plus de cinquante ans à un endroit.
Le bacille du charbon en fait partie. La bactérie libère une toxine qui tue en six jours. Si la bactérie est traitée avant la production de la toxine, la maladie peut être vaincue par des antibiotiques de type Ciprofloxacin ou ses équivalents.
Aux Etats-Unis, on a noté l’explosion des ventes de ces antibiotiques dans les pharmacies américaines, ces dernières semaines.

UNE ARME BIOLOGIQUE TERRIBLE

Selon des experts : “quiconque dispose d'une bonne formation en microbiologie et d'un laboratoire, comme on en trouve dans la plupart des universités, peut fabriquer le bacille du charbon, mais transformer celui-ci en arme de destruction massive est autrement plus complexe.
La contamination pulmonaire est la forme la plus mortelle de la maladie.
C'est celle que vise l'"arme anthrax" par le biais d'une diffusion dans l'air autour de la cible visée. Selon des experts américains, 100 kilos de poudre suffisent à tuer trois millions de personnes dans une ville moyenne par une nuit froide et claire.
Par ailleurs, le plus grave est que l’on voit de plus en plus des germes résister aux plus puissants des antibiotiques que les médecins gardent “jalousement” dans leur arsenal thérapeutique de dernier recours.
Autrefois, quasi-magiques, les armes antibiotiques sont maintenant de moins en moins efficaces pour lutter contre des bactéries de plus en plus “futées”.
Les infections nosocomiales, qui sont celles que les malades chopent en milieu hospitalier, concourent le plus dans l’émergence des résistances.
Les hôpitaux du nord comme du sud sont devenus de gigantesques “bouillons de culture”.
En janvier 1997, note-t-on dans la revue ‘’Cybersciences’’, un ‘’supermicrobe’’ a frappé un hôpital de Montréal.
Une bactérie “invincible” y avait infecté des malades et même l’utilisation d’un antibiotique la ‘’vancomycine’’, le plus costaud des antibiotiques, n’a pas pu résoudre le problème…
FARA DIAW

Lire l'article original: www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=8494&index__edition=9422

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